Alors que des psychiatres et chercheurs spécialistes de l’enfance* – dont Ariel Lindner et Elie Rotenberg, co-fondateurs de LISA -, viennent de publier une tribune dans Le Monde appelant à investir massivement dans le bien-être mental des enfants pour réduire le risque de trouble psychiatrique futur, Elie Rotenberg et Micaela Hirsch, cheffe de projet LISA, reviennent sur les fondements du projet : les besoins auxquels il répond au regard des enjeux sociétaux actuels, l’approche collaborative et la volonté d’impliquer tous les acteurs de l’écosystème éducatif et surtout, l’impact concret sur le bien-être des élèves, le climat scolaire et les apprentissages.

À quel(s) besoin(s) le projet LISA répond-il ?

Le projet LISA vise à lutter contre la souffrance psychique des jeunes, touchant plus d’un jeune sur cinq. Il propose un outil de repérage et des ressources pour aider les enseignants à identifier et soutenir ces élèves. LISA favorise également la collaboration entre enseignants, parents et professionnels de santé, créant des espaces de dialogue pour mieux accompagner les jeunes. Pour les familles et les enfants, le chemin pour obtenir un diagnostic et une prise en charge à l’école est un véritable parcours du combattant, d’autant plus qu’il peut être difficile de bien comprendre certaines problématiques. LISA vise à répondre à ces besoins.

Pourquoi résonne-t-il particulièrement avec les enjeux sociétaux actuels ?

Le projet LISA répond à la crise de la santé mentale des jeunes, qui se manifeste par un isolement social croissant, des cas de harcèlement, ainsi qu’une hausse alarmante des taux de suicides, le tout accompagné d’un accès limité aux soins. La crise de la COVID-19 a exacerbé la visibilité de ces problèmes, dans un contexte socio-historique complexe marqué par les conflits et le changement climatique. Dans ce contexte, le Conseil scientifique de l’Éducation nationale a identifié le bien-être des enfants comme une des composantes prioritaires des grands défis de l’Éducation nationale (EN), ce qui a été communiqué dans les grandes lignes de l’EN pour 2024-2025.

En quoi le projet LISA est-il novateur ?

Nous adoptons une approche collaborative réunissant chercheurs, cliniciens, enseignants et familles pour co-construire des solutions adaptées. En partenariat avec des laboratoires spécialistes de la santé mentale et du neurodéveloppement, nous proposons des ressources à la fois scientifiquement validées et facilement accessibles pour les enseignants. En intégrant des actions préventives et des recommandations pragmatiques, LISA vise non seulement à soutenir les élèves en difficulté, mais aussi à promouvoir le bien-être général de tous les élèves au sein de la communauté éducative.

Quels sont les impacts du projet LISA dans la vie des enfants ?

Le projet LISA a des impacts significatifs sur la vie des enfants. En aidant à identifier les besoins spécifiques de chaque élève, LISA permet d’adapter les méthodes d’enseignement et les interventions, ce qui contribue à améliorer le climat scolaire et les conditions d’apprentissage, favorisant ainsi la réussite scolaire. Plus les besoins sont pris en charge tôt, plus l’impact sur la vie des enfants sera important. Les enseignants nous disent très souvent “LISA a transformé la manière dont je vois les élèves et maintenant je les comprends et je peux mieux agir”.

Quel est le rôle des enseignants dans le projet ? Comment sont-ils préparés ?

Dans le projet LISA, les enseignants jouent un rôle clé en tant que co-concepteurs du contenu de la plateforme grâce à leur participation active et leur feedback. Pour les préparer, nous proposons des formations courtes afin de leur permettre de maîtriser les outils, comme le questionnaire de repérage et les fiches pédagogiques, facilitant la gestion de classe. Des rencontres mensuelles avec des spécialistes de la santé mentale, ouvertes au public, approfondissent les thématiques liées au bien-être des élèves.

Comment le projet inclut-il les parents d’élèves ?

Nous avons également à cœur de promouvoir la collaboration entre l’école et les parents, pour le bien-être des élèves, en facilitant le dialogue grâce à un langage commun. LISA offre aux parents l’accès aux ressources et guides sur la plateforme pour soutenir leur enfant à la maison en les orientant vers les ressources adéquates. Nous encourageons leur implication dans les discussions et événements que nous organisons. À terme, des ressources et questionnaires adaptés aux familles seront disponibles.

Pourquoi pensez-vous que le projet LISA va être un succès ?

Le projet LISA répond à une problématique du terrain, en proposant des outils adaptés aux enseignants, en constante amélioration grâce à une démarche de recherche-action. Son approche, impliquant enseignants, chercheurs, cliniciens et familles, garantit également une vision collaborative au croisement des savoirs et des pratiques. L’engagement des acteurs institutionnels, tels l’État à travers France 2030, le ministère de l’EN, les académies participantes et l’institut Robert Debré du Cerveau de l’Enfant assure par ailleurs un déploiement efficace et une large diffusion du projet. Autant de facteurs clés qui viendront renforcer l’impact de LISA sur le bien-être, le climat scolaire et les apprentissages des élèves, individuellement et de la classe.

*Richard Delorme, Bennett Leventhal, Ariel Lindner et Elie Rotenberg

En savoir plus

• Projet LISA
• Tribune publiée dans Le Monde « Investir massivement dans le bien-être mental des enfants réduit le risque de trouble psychiatrique futur »

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