Colin Labouret : aider les collégien·ne·s à se réapproprier leur ville par la construction de projets durables
Colin Labouret , architecte, animateur pédagogique, développe l’intérêt des troisièmes des collèges de Seine-Saint-Denis pour le développement durable, les sciences, la technologie et la gestion de projet.
25 01 2023
Colin Labouret : aider les collégien·ne·s à se réapproprier leur ville par la construction de projets durables

Colin Labouret , architecte, animateur et concepteur pédagogique, revient sur son expérience avec The Schools Challenge*. Ce programme de mentorat a pour objectif de développer l’intérêt des élèves des classes de 3ème des collèges de Seine-Saint-Denis (93)** pour le développement durable, les sciences, la technologie et la gestion de projet.

En parallèle de son activité d’architecte, Colin Labouret assiste des organismes dans la création de contenus pédagogiques autour de l’architecture, l’urbanisme et le design à destination du jeune public. En 2020, une amie lui parle d’ateliers qu’elle anime auprès de jeunes de troisième, autour de “l’innovation et la ville”. Séduit par l’approche du programme, il devient mentor du programme The Schools Challenge (TSC) puis co-créateur de l’édition 2023. 

Pour la quatrième édition du programme lancée en septembre 2022, les collégien·ne·s vont réemployer des matériaux du mobilier urbain pour construire leurs projets pour construire une ville durable. Cette nouvelle orientation a été co-créée par le Learning Planet Institute et Colin Labouret. Rencontre.

© Colin Labouret

Pourquoi vous êtes-vous engagé en tant que mentor ? Quel était votre rôle ?

The Schools Challenge propose à des jeunes de poser un regard critique sur leur environnement, vivant et bâti. 

C’est cette approche qui m’a tout de suite attiré : lier les objectifs macroscopiques de développement durable à une ‘simple’ observation par des élèves de troisième de leur propre ville. L’enseignement par le projet, par l’action, par le concret, est selon moi un levier d’investissement pour des adolescents.

The Schools Challenge, via une recherche par l’innovation, pousse les élèves à se dépasser, rechercher l’originalité, et prendre résolument confiance en leurs capacités et convictions.
En tant que mentor, j’ai eu la chance d’accompagner un groupe de huit élèves durant deux années de suite : leur objectif était de construire une problématique autour du bien-vivre en ville, puis d’y apporter une réponse innovante. Mon rôle était de les accompagner dans leurs questionnements, d’alimenter les débats avec des références ou des sources, et de les pousser à se dépasser individuellement et collectivement !

Vous avez également co-créé le programme 2023, qu’est-ce qui change par rapport aux précédentes éditions ?

À la fin de The Schools Challenge 2022, Philippa-Jane Blein et Paul Monsallier, de l’équipe Jeunesse du Learning Planet Institute, avaient la volonté de faire évoluer le programme vers une approche plus appliquée. Ensemble, nous avons alors imaginé proposer aux élèves de l’édition 2023 d’imaginer, par groupe, une pièce de mobilier urbain pour les abords de leurs collèges. Cette problématique les amènerait alors à se questionner sur les espaces publics qu’ils connaissent bien, et y porter un regard nouveau : quel meuble urbain permettrait à mes camarades et moi-même de s’approprier l’espace de la ville ? Comment le mobilier urbain permet-il de “mieux vivre sa ville” ? À cette approche de l’environnement urbain s’est adjointe une problématique de développement durable, elle aussi très concrète : les élèves devront imaginer leur meuble en matériaux uniquement issus de filières de réemploi. Et ce n’est pas tout ! Ils réaliseront un prototype de leur création au sein du MakerLab du Learning Planet Institute.

The Schools Challenge © Learning Planet Institute

Qu’est-ce qui vous a particulièrement plu dans ces expériences ? 

Ma plus grande satisfaction, lors de ma participation à The Schools Challenge, a été de voir les élèves se surprendre eux-mêmes. J’ai souvenir de cet élève qui, durant toute l’année, avait un mal fou à prendre la parole, ne serait-ce que devant les quelques personnes de son groupe. Lors de la finale, après avoir bien préparé son oral, c’est lui qui a achevé, plein d’enthousiasme, la présentation du travail de son groupe. Ce fut un immense plaisir pour moi de le voir alors se découvrant une aisance dans la prise de parole dont il doutait jusqu’alors.

L’intérêt de The Schools Challenge selon moi est d’accompagner ces jeunes dans une réflexion, à un âge où ils commencent à prendre pleinement conscience du monde et d’eux-mêmes. Ce n’est pas une transmission descendante ; c’est au contraire un tremplin que l’on tente de leur construire.

Selon vous, en quoi l’implication de collégiens dans les problématiques urbaines et locales à travers la gestion de projet et l’éducation aux sciences est-elle importante ? 

L’environnement bâti paraît souvent être la toile de fond intangible d’une vie locale. Pourtant, il régit nos interactions sociales et agit sur notre bien-être. Porter un regard critique sur cet environnement, c’est se permettre de remettre en question ce qui paraît immuable, intangible. Il est primordial que des collégiens puissent ouvrir le champ des possibles. À une période de leur vie où ils commencent à se définir comme des citoyen·ne·s et des acteur·rice·s de la société, les jeunes peuvent ainsi se forger leur propre opinion sur le monde qui les entoure.

En se questionnant sur les objectifs de développement durable à échelle planétaire, les jeunes se positionnent en même temps comme les participants actifs d’une vie locale à penser et repenser.


EN SAVOIR PLUS

Merci à Colin Labouret d’avoir répondu à nos questions !

* The Schools Challenge est un projet de mentorat initié par J.P. Morgan, avec le soutien et l’expertise du Learning Planet Institute, qui a déjà été suivi par 170 élèves, depuis 2019.
** Iqbal Masih, Saint-Denis et Miriam Makeba, Aubervilliers 

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