Le 2 juillet, cinq classes se sont retrouvées en ligne pour présenter et échanger sur leurs projets Bâtisseurs de Possibles de l’année. Les élèves de maternelle et primaire ont choisi d’aborder des problématiques qui les touchent comme le harcèlement scolaire, le bien-être à l’école, le gaspillage ou encore la pauvreté. Iels ont ensuite imaginé et construit des solutions incroyablement imaginatives qu’iels ont eu le plaisir de partager avec d’autres classes. Une rencontre qui illustre le principe au cœur du programme Bâtisseurs : permettre aux élèves d’agir, d’avoir un impact positif sur le monde.
Bravo à tou·te·s les élèves et à leurs enseignantes !
La méthode Bâtisseurs : 4 étapes pour construire un projet en classe
De la maternelle au lycée, la démarche Bâtisseurs de Possibles guide la classe en quatre étapes clés pour que les élèves trouvent et construisent une solution à une problématique qu’ils/elles ont soulevée : 1-Identifier un problème ; 2-Trouver une solution (et oser les idées folles) ; 3-Réaliser cette solution ; 4-Partager la solution.
Pour chaque étape, le programme Bâtisseurs de Possibles propose une méthodologie et des outils (jeux d’intelligence collective, trames guidantes pour animer les séances) permettant de faciliter la coopération, l’observation et la mise en place de solutions.
Grâce à une pédagogie par projet, les élèves sont acteurs·rices du processus d’apprentissage, de l’identification d’un problème les touchant dans leur vie quotidienne (classe, école, quartier, commune, société, planète..) – lié aux Objectifs de développement durable, définis par l’ONU – à sa résolution.
« Il y a trop de bagarres dans la cour » – Bonne santé et bien-être à l’école
Classe de Grande Section de Léa Souccar-Lecourvoisier, de l’École Notre Dame – Viry-Châtillon (91)
1 – Identifier un problème : « Il y a trop de bagarres dans la cour »
« D’abord on a pris une grande longue vue pour chercher tous les problèmes ! »
En suivant la méthode Bâtisseurs de Possibles, les maternelles ont identifié plusieurs problématiques qui les interpellent dans leur quotidien à l’école. Après vote de l’ensemble de la classe, les élèves ont choisi de se concentrer sur la problématique de bagarres dans la cour de récréation.
2 – Trouver une solution : moins de jeux individuels et plus de coopération
Plusieurs pistes ont été avancées pour résoudre ce problème. D’abord, en mettant en commun leurs ressentis, les élèves ont identifié les vélos, trottinettes et autres jeux individuels comme étant régulièrement au cœur des bagarres. Une première solution alors mise en place a été d’enlever les jeux. L’expérience ne s’est pas révélée concluante : « Le premier jour, c’était ok mais le deuxième, c’était bof. Et le troisième, il y avait encore des bagarres. »
S’en sont suivies d’autres expérimentations et propositions : créer le musée « Ça m’énerve » avec des dessins de tout ce qui agacent les élèves sur la cour, mettre chacun·e des élèves dans une boîte en carton individuelle (pour éviter qu’iels ne se bagarrent), remplir la cour comme une piscine à boules, faire une banque de jeux…
3 – Réaliser cette solution : apprendre des jeux en équipe
Finalement, la solution retenue a été d’apprendre des jeux en équipe, collaboratifs. « On a demandé à nos parents de nous apprendre des jeux d’équipe. »
Une problématique et une solution qui a plu aux élèves des autres classes auxquel·les le projet était présenté : « Je trouve que c’est une très bonne idée car c’est dangereux la bagarre. »
Art-cèlement – Lutter contre le harcèlement à l’école
Classe de CM1 de Anne-Lore Greter-Traoré, du lycée Jean Mermoz – Dakar (Sénégal)
1 – Identifier un problème : le harcèlement à l’école
Les élèves de CM1 ont retenu comme problème majeur le harcèlement. Il a cependant fallu préciser la notion de harcèlement.
2 – Trouver une solution : une étape aux nombreux obstacles
Le harcèlement scolaire est un sujet vaste et très sensible ; le groupe a eu beaucoup de blocages. La classe a donc fait appel à des médiatrices pour les aider. En travaillant avec des expert·es de la question, les élèves ont identifié les « quatre mots du harcèlement » : violence, répétition, conséquences et long-terme.
« On a fait une expérience : on a froissé du papier, on l’a mis sous un dictionnaire et on est parti·es en vacances. Au retour, le papier était toujours froissé, même si un peu moins. Ça montre que le harcèlement a des conséquences sur le long terme. »
3 – Réaliser cette solution : une exposition « Art-cèlement » et une barre montante
Parmi les solutions trouvées, la classe de CM1 en a retenu deux : monter une exposition sur ce sujet dans l’école, avec présentation à d’autres classes, et créer un prototype de « barre montante » autrement dit un baromètre évaluant le niveau de ressenti de la victime et la sanction proposée en retour. La classe a pu échanger avec une autre classe de CM1 du réseau Bâtisseurs de Possibles, dans le Jura, et a pu recueillir les retours du test de la barre montante. Les élèves d’Anne-Lore ont ainsi adapté leur barre montante avant de la proposer au sein de l’école.
« Au début, c’était dur de trouver c’était quoi le harcèlement et trouver des solutions mais aujourd’hui on est content de partager ça avec vous. »
Parmi les échanges suscités par cette présentation, on retiendra le constat fait par les élèves entre elles·eux :
« Pourquoi quand on va voir des adultes pour arrêter de se faire embêter, parfois les autres continuent ? »
« Parce que parfois, les adultes ne font pas assez attention. »
Favoriser le bien-être à l’école
Classe de CM1 de Chrystelle NINOT de l’école Louis Robert – Coulommiers (77)
1 – Identifier un problème : le harcèlement à l’école
A quelques milliers de kilomètres de la classe de Anne-Lore Greter Traoré, les élèves de CM1 de Chrystelle Ninot ont elles·eux aussi choisi de lutter contre le harcèlement scolaire.
Leur constat : en général, le harceleur se sent mal dans sa peau. Iel a besoin de se sentir plus fort que les autres car iel manque de confiance en lui·elle. Les harcelé·es ont encore plus besoin d’être soutenu·es.
Les élèves ont rapporté un épisode marquant de leur approche du problème de harcèlement : la rencontre avec une collégienne qui a accepté de venir témoigner en tant que personne ayant subi du harcèlement. « Nous avons été très touchés. »
2 – Trouver une solution : un lieu où « souffler »
Après discussion, les élèves ont imaginé un lieu où les enfants puissent souffler, un lieu où iels se sentent bien.
3 – Réaliser cette solution : le Coin de Paradis
A partir de dessins et croquis réalisés ensemble, les élèves ont créé un espace bien-être dans la cour. Le Coin de Paradis est accessible grâce à un badge « responsable » qui indique que l’élève l’arborant se plie aux principes de tolérance et de respect. Dans ce Coin de Paradis, on trouve des coloriages, des livres, un espace de discussions et d’échanges, etc…
Réaction spontanée dans l’une des autres classes présentes à la présentation du projet : « Moi, j’aimerais bien avoir un coin de paradis !… »
Réduire le nombre de jouets
Classe de CP de Ramona Coupel-Dulgheru de l’école nouvelle Emilie Brandt – Levallois Perret (92)
1 – Identifier un problème : beaucoup trop de déchets
Les problématiques identifiées par les élèves de CP – les Curionautes – ne manquent pas : déchets, mégots, rats, la guerre, les arbres coupés,… Après avoir utilisé la méthode Boule de Neige, iels ont décidé ensemble de lutter contre le trop plein de déchets. Plus particulièrement, iels ont plongé au cœur du problème et déterminé qu’une des sources du problème était la quantité importante de jouets qu’iels avaient chacun·e chez eux·elles.
2 & 3 – Trouver une solution et l’appliquer : des jouets nouveaux… mais déjà utilisés
Pour lutter contre le gaspillage de jouets tout en découvrant de nouveaux jeux, les élèves ont organisé un troc.
« Pour bâtir le monde on fait du bien à la Terre
Avec les Bâtisseurs, on fait notre part
On apprend qu’on est jamais trop petits pour changer le monde
Si vous avez l’impression d’être trop petit, pensez au moustique qui arrive à vous embêter et à vous piquer ! »
Les curionautes
Aider les gens – dont les migrant·es – qui vivent dans la rue
Classe de CM2 de Ramona Coupel-Dulgheru de l’école Nouvelle Emilie Brandt – Levallois Perret (92)
1 – Identifier un problème : différents types de pauvreté
Grâce à la méthode Boule de neige, la classe de CM2 qui s’est renommée la « classe SNCF » (Scientifiques Numériques Connecteurs Futés) a voté pour échanger sur le thème de la pauvreté. Ensemble, iels ont mené une enquête sur les différentes sortes de pauvreté. Les problématiques qui ont alors été citées sont : comment aider les écoles à Madagascar ? Comment aider SOS Méditerranée, comment aider les personnes migrantes qui viennent de la guerre ? Comment réduire la faim ? La problématique finalement retenue par les élèves a été « Comment aider les migrant·es et les personnes qui vivent dans la rue ? »
2 – Trouver une solution : 7 catégories de solutions
Les CM2 ont proposé de nombreuses idées, jusqu’à les classer en sept catégories : les ventes, fêtes, événements, collecte, dons, associations, face-à-face. Parmi ces catégories, c’est la collecte que le groupe a choisi de réaliser.
3 – Réaliser cette solution : sensibilisation et collecte
En profitant de la kermesse de fin d’année, les élèves ont exposé des panneaux sur le sujet pour sensibiliser le public à leur problématique. A la fin de l’exposition, il y avait une boîte à dons pour récolter de l’argent. Cet argent a ensuite été réparti à des élèves chacun·e chargé·e de distribuer des enveloppes – contenant chacune 20 euros et un petit mot – à des personnes vivant dans la rue.
Question d’une classe à l’autre
« Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler sur les migrants et la pauvreté ? »
« Parce que certaines personnes voyaient des gens dans la rue devant chez eux et étaient touchés par ça. »
Un grand bravo aux classes qui ont présenté leur projet ce 2 juillet et qui ont fait de cette rencontre un moment de partage et d’échanges spontanés ! A travers les témoignages des différents élèves présents, un retour commun : la joie de travailler en groupe.
« J’ai bien aimé parce qu’on a été tolérant·es, notamment en acceptant le choix des autres même si on partage par leur avis. »
« J’ai bien aimé le travail en groupe et qu’on partage ça avec d’autres classes. »
« J’ai ressenti beaucoup d’empathie, j’ai ressenti ce que vivent les personnes harcelées avec le témoignage de la lycéenne. »
« Vous êtes des classes merveilleuses ! »
Cette année scolaire 2023/2024, 80 classes étaient inscrites au programme Bâtisseurs de Possibles – bravo à tous les groupes qui se sont lancés dans l’aventure !
Lire les témoignages de 3 enseignantes participant au programme :
- Entretien avec Ramona Coupel-Dulgheru
- Entretien Béatrice Poignonec
- Entretien Anne-Lore Greter-Traoré
LANCEZ-VOUS DANS UN PROJET BÂTISSEURS DE POSSIBLES AVEC VOTRE CLASSE
👉 Rejoignez le programme Bâtisseurs de Possibles pour l’année scolaire 2024- 2025 !
Le dispositif Bâtisseurs de Possibles®, adaptation de Design for Change au contexte scolaire français, fédère aujourd’hui un réseau d’enseignant·es engagé·es, des ressources et outils pédagogiques et un accompagnement (formations, suivi, etc.).
Que vous ayez envie de découvrir petit à petit la démarche ou de vous lancer directement dans un projet avec vos élèves, le réseau Bâtisseurs de Possibles vous accompagne !
Au-delà des bienfaits sur les compétences des élèves comme la coopération, l’empathie, la prise de parole, la créativité, le fait de rendre les élèves acteurs·rices permet de réduire l’éco-anxiété.
Découvrez les retours d’expérience d’enseignantes de classes Bâtisseurs 2023-2024 :
🔹 Béatrice Poignonec – classe de CE2
🔹 Ramona Coupel-Dulgheru – classes de CP et de CM2
🔹 Anne-Lore Greter-Traoré – classe de CM1
🔹 Rencontre virtuelle entre classes participantes 2024
Cette publication s’inscrit dans le cadre de la Chaire UNESCO « Sciences de l’apprendre », établie entre l’UNESCO et Université Paris Cité, en partenariat avec le Learning Planet Institute. Les idées et opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs. Elles ne représentent pas nécessairement les vues de l’UNESCO et n’engagent en rien l’Organisation.